




Sisteron, le 17.12.2021
Chère Alice,
Il y a du brouillard. Je monte. Je monte dans ce brouillard et je vois les rayons du soleil passer au travers. Comme si la couche de brouillard devenait si fine que le soleil pouvait la transpercer. Je monte encore un peu et tout à coup, ça y’est, je passe au-dessus des nuages, au-dessus du brouillard.
J’adore ! J’adore les mers de nuages. C’est de la magie. A chaque fois que j’ai ce spectacle devant mes yeux, ça me rappelle les montées en télésièges pendant les vacances au ski avec les cousins. Tu t’en souviens ?
Il y a beaucoup de neige. Je monte beaucoup. J’ai hâte d’arriver au col. Après, ce sera de la descente.
J’ai froid aux doigts dans la descente, je mets mes gants, enfin les gants de maman. Puis je descends. C’est agréable cette légère pente sur des kilomètres. Il fait beau. J’adore ces paysages de montagne. Je vois un Père-Noël accroché à une fenêtre. Quand nous étions petites, avec toi, Tiphaine et Zoé, pendant les voyages en voiture pour aller fêter Noël en Bretagne ou à Marseille, nous nous amusions à compter le nombre de Pères-Noël accrochés aux fenêtres des maisons. Tu t’en souviens ?
Tu m’écris pour me dire qu’il y a des nouvelles mesures pour entrer sur le territoire Italien. Les personnes non vaccinées doivent se confiner pendant 5 jours en arrivant. Et moi… Je ne suis pas vaccinée. C’est compliqué. Je me demande si je vais vraiment pouvoir partir. Est-ce que ce ne serait pas plus simple si je restais en France ? Si. Sûrement. Je songe à tout arrêter, faire demi-tour, retourner au chaud. Mais ce n’est pas ce dont j’ai réellement envie, réellement besoin. Et puis ce serait abandonner trop vite. Je n’aime pas trop abandonner. C’est trop facile.
Je cherche des solutions.
Je me dit que je pourrais prendre le train en arrivant là-bas et passer les 5 premiers jours confinée chez toi. Mais je ne vais pas avoir le droit de prendre le train non plus, car il faut un “super pass” pour prendre le train. Et le “super pass” est réservé aux vaccinés.
Finalement, le warmshower que j’avais contacté et chez qui je devais loger le premier soir de mon arrivée sur l’Île, me propose un logement qui n’est pas utilisé l’hiver, en bord de plage. Il le loue à des touristes l’été, mais là il n’y a personne. Il me propose 10€/nuit et la première nuit gratuite. 40€ pour 5 nuits c’est très raisonnable comme dépense. Peut-être que ce sera bien. Alors je dis d’accord. Tu pourras m’y rejoindre pour le soir de Noël ?
Je fais beaucoup de pauses sur la route aujourd’hui.
Il y a quand même beaucoup de voitures. J’ai pris des petites routes pour ne pas rouler sur la grande départementale.
L’hiver me fait sentir une grande légèreté dans le voyage, une pureté, quelque chose de très apaisant. Pas d’insectes qui m’embêtent et me parasitent l’existence, pas de chaleur accablante. La température de mon corps est vraiment agréable. Parfois je sens mes orteils ou le bout de mes doigts engourdis par le froid, mais il suffit que je souffle un peu dessus ou que je bouge mes orteils quelques minutes pour que ça aille mieux.
Ce soir, je suis accueillie chez un warmshower, dans une petite maison en bois très chaleureuse. Le propriétaire s’appelle Bertrand et il a deux colocataires qui s’appellent Félicien et Clémentine, ils ont à peu près mon âge. Ils sont tous les deux passionnés par les reptiles, les geckos et tous les animaux de ce type. C’est drôle. Ils me racontent leurs expéditions pour aller les observer sur des îles. J’aime voir des gens passionnés par ce qu’ils font. Ils sont chouettes tous les trois. Bertrand semble sensible et doux. Je me reconnais dans sa manière de cuisiner, il me donne des indications très précises pour que le plat qu’il prépare soit exactement comme il l’imagine. J’abandonne finalement de l’aider car je comprends que les petits détails culinaires, il préfère les faire lui-même. Je suis pareil quand je cuisine. Je préfère tout faire moi-même.
Je leur montre mes dessins ils deviennent vite fan des Nummes.
On joue au dixit.
Je suis épuisée.
Maëlle
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