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Amélie et la boussole
Je passe ma main dans mes poches et je caresse les précieuses mines de Amélie. C’est une belle récolte.
Je me souviens du jour où je l’aie rencontrée.
Il est 8h du matin. Des larmes coulent sur ses joues. Est-ce qu’elle est perdue ? Aucune des grandes personnes autour ne semble se soucier d’elle. J’imagine qu’elle va être en retard à l’école, je sais qu’il n’y a pas de métro aujourd’hui. Elle ne connaît peut-être pas le chemin pour y aller à pieds. Son papa l’a sûrement déposée ici comme tous les matins puis il est parti travailler sans s’assurer qu’elle était bien en route.
Je lui demande le nom de son école.
Elle ne me répond pas.
Elle me regarde, me dévisage, plonge ses yeux dans les miens comme si elle voulait m’envoyer un message télépathique.
Tout d’un coup j’ai l’impression que je la connais.
Je me sens déstabilisée par cette petite fille muette aux yeux rouges et aux joues mouillées.
Je veux l’aider, mais je suis en retard pour ma livraison de mines de crayons.
Je sors de ma poche la boussole de grand-père, je la lui donne. Je commence à lui expliquer comment ça fonctionne, mais au lieu de ça, elle part en courant. J’essaye la rattraper. Elle est bien plus rapide que moi. Tant pis pour ma boussole. J’ai des mines à livrer de l’autre côté de la ville et il n’y a pas de métro aujourd’hui. Je ne dois pas traîner.
La sensation sous mes pieds me fait rapidement quitter ce vieux souvenir. Je viens tout juste d’arriver sur le toit de grand-mère. Les tuiles sont froides et il n’y a plus de cheminée.
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