Crédit photo : Philippe Dubourg – https://www.instagram.com/philoutdoor/














Pour accompagner ces images, voici un petit bout de l’histoire de mes poils :
Il y a un peu plus de 10 ans, j’étais en voyage à vélo le long du Danube avec mes parents et des amis. Je me souviens être dans un camping en Allemagne et ma mère qui faisait la remarque que les allemandes ne s’épilaient pas les jambes. Moi je n’avais pas encore de poils à cette époque, mais j’ai dit à ma mère << Moi non plus je ne m’épilerais pas >>. Sans le savoir ce jour là je m’étais faite une promesse. C’était une promesse bien innocente et qui me semblait assez banale à l’époque de l’enfance ou le regard des autres m’importais bien peu.
Et pourtant si vous saviez les combats et les batailles que j’ai dû affronter pour réussir à tenir cette promesse que je m’étais faite !!!
Ce fut une véritable guerre que j’ai mené pour préserver ma précieuse pilosité et ne jamais avoir à me faire amputer d’une partie de mon corps.
Il y a eu les batailles de la famille. Mes poils étaient devenus le sujet favoris et récurant de nombreuses réunions de famille. Mes cousin.e.s, oncles et tantes, sœurs et autres, commentaient leur dégoût, leurs interrogations concernant mon choix, et leurs avis sur ce que je devrais faire. Je me souviens d’un « Quand même Maëlle le jour de ton mariage tu t’épilera ? » auquel j’avais répondu que « Non, le jour de mon mariage je ne m’épilerais pas et pour pouvoir être invité il faudra avoir des poils sous les bras ». Ces batailles sont sans doute celles qui ont duré le plus longtemps et qui m’ont pris le plus d’énergie. Mais c’est aussi grâce à elles que j’ai pu développer un argumentaire béton sur « pourquoi je ne m’épile pas », grâce à elles que j’ai pu me questionner et approfondir ce pourquoi j’avais pris la décision. J’ai pu maintes fois rebondir sur les pics qu’ils me lançaient tou.te.s. Je me dois aujourd’hui de les remercier pour ces batailles qui m’ont fait grandir, devenir et assumer qui je suis ! Merci à vous ma famille ! Toutes vos remarques n’ont fait que confirmé ce pourquoi je m’étais fait cette promesse ! ❤ Vous pouvez même continuez si vous voulez ! Je me ferais un plaisir de débattre avec vous !
Il y a eu les combats du regard des autres. Ceux-là sont revenus plusieurs fois et assez souvent, mais les combats étaient de plus en plus courts, je me musclais petit à petit à prendre d’assaut ces ennemis et à leur tendre des pièges. Au début les manches longues me venaient en aide, mais finalement je n’en ai pas eu besoin longtemps. Plus le temps passais et plus je savais à quel moment ils allaient m’attaquer. Alors les combats devenaient de plus en plus insignifiants. Je me souvient à peine des derniers. Je devais sans doute écrabouiller le regard des autres sans même m’en rendre compte. Oups désolée, je n’en ai pas épargné un seul…
Il y a eu les luttes de la comparaison. Ben oui bien sur que je me comparais aux autres ! Ne croyez pas que sur mes airs d’ado fière et de « Oh non je m’en fiche » je n’étais pas morte de trouille à l’intérieur. Bien sur que quand je voyais des longues jambes épilées je me comparais et lorsque la lutte commençait les comparaisons arrivaient les unes après les autres de plus en plus fortes et de plus en plus nombreuses… Ben oui voilà j’assume que souvent je me trouvais pas belle avec mes poils. J’assume que je me comparais aux autres. Et un jour j’ai compris que pour gagner cette lutte il ne fallait plus lutter. Alors j’ai reconnu que je me comparais aux autres, j’ai reconnus que j’avais peur parfois, j’ai reconnus que je me trouvais moins belle parce que j’avais des poils, j’ai reconnus que j’étais jalouse des fois. Et d’un coup tout s’est apaisé… Plus rien à l’horizon. Et quand une comparaison se risquait à pointer le bout de son nez je lui disais « Oh Bonjour, belle journée aujourd’hui » et elle passait sans même essayer de lutter une minute. Je l’avais reconnue. C’est tout ? Il suffisait simplement que j’assume ce que je ressentais pour que ce soit finit ?
Il y a eu les bagarres des tentations. Ces bagarres là étaient vicieuses. Les tentations n’avaient pas la tête des autres ennemis. Elle semblaient charmantes à la première vue. J’ai été beaucoup tentée avant les étés de me dire « bon allez je pourrais bien faire un petit effort cette année, tout le monde me trouverais belle ». « C’est pas si compliqué un petit coup d’épilateur et voilà c’est fait ! » Ou bien « Les bandes de cire en plus ça a l’air rigolo à faire ». Ou encore « Et si je veux rien sentir ben la crème à épiler… » Et puis plus tard « Oh on peut fabriquer soit-même sa crème d’épilation ? Zéro déchets en plus ? Je devrais peut-être essayer ça… » Et puis aussi « Hum l’épilation définitive c’est pas mal ça… une fois et après plus jamais de la vie…intéressant » etc etc….. Mais maintenant je les vois venir de loin ces tentations et ça me fait « beurk ». Donc je leur tourne le dos et si elles insistes je leurs montre mes poils, en général ça les fait partir en courant !
Heureusement je n’ai pas mené cette guerre toute seule j’avais à mes côtés quelques fidèles compagnons qui ont chacun sut m’apporter l’aide nécessaire pour gagner cette guerre.
J’avais mon allié « Je ne fais rien comme tout le monde » . Tous les deux on se connait depuis toujours je crois et on se sépare assez rarement. Il était toujours à mes côtés à tous les moments de la guerre. Il m’a beaucoup aidé à être différente et à assumer mes différences.
J’avais aussi le soutien de mon amie Féminisme. Je pouvais me reposer sur elle lorsque j’étais trop épuisée. C’était facile je pouvais simplement revendiquer que me laisser pousser les poils été un acte féministe et en général mes ennemis s’en allaient déçus. Elle m’a beaucoup aidé à me sentir tranquille et légitime dans mes choix. Et surtout à me sentir moins seule.
J’avais également mon associée Blonde. Ben oui je suis blonde et du coup mes poils ne se voient pas beaucoup. C’était assez utile, surtout au début si j’avais besoin de me camoufler !
J’avais mes deux camarades Santé & Souffrance. Santé me susurrais des mots doux à l’oreille comme « Les poils si ils sont là c’est qu’ils servent à quelque chose », « S’épiler c’est pas bon pour la peau ». Et souffrance me rappelais à l’ordre « Hé non tu ne veux pas souffrir je te rappelle ! Je suis fatiguée moi. Utilise ton énergie à autre chose qu’à me réveiller s’il te plait ». J’ai beaucoup écouté Santé et j’ai laissé Souffrance tranquille.
J’avais également mon bon vieux collaborateur Economie. Lui il faisait son apparition surtout dans les bagarres des tentations. Il me rappelais que dépenser ne serait-ce qu’un seul centime pour « amputer mon corps » ne rentrait dans aucune case de mon logiciel de compta. Heureusement qu’il était là, sans lui j’aurais sans doute déclenché un gros bug informatique.
Et je n’oublierai jamais cette amante Fierté. Avec elle c’était compliqué… Je n’ai jamais su si c’était vraiment une alliée. Tantôt je devais la combattre elle aussi pour être simplement moi et assumer ce que je ressentais, tantôt elle me donnais un bon coup boost pour aller au front et mener à bien mes armées. Ça nous arrive de nous recroiser parfois toutes les deux… Et je ne sais toujours pas si elle est ennemie ou alliée.
Il y a surement des batailles et des alliés que je n’ai pas cités. Mais aujourd’hui j’estime avoir gagné cette guerre et j’en suis vraiment fière. Je ne m’épile pas et je ne me suis jamais épilée. Quelques cicatrices sont encore là et n’ont pas totalement disparues, mais je les bichonnes et je prends bien soin d’elles. Ma plus grande peur : Etre obligée d’y passer s’y jamais j’en venais à devoir être opérée d’un endroit du corps où j’ai des poils…. Ce serait horrible !!
Une petite anecdote pour finir :
Je me souviens de ma première sortie à la piscine de Strasbourg quelques jours après avoir emménagé, je prenais ma douche et un monsieur a vu mes poils et m’a demandé « Vous ne vous épilez pas ? » j’ai dit « ben non » et il m’a répondu tranquillement « Ah bah oui vous avez bien raison pourquoi les femmes et pas les hommes. » Ahah j’étais fière de moi ce jour là, j’avais juste répondu tranquillement sans attaquer l’autre ou lui reprocher quoi que ce soit. Et il m’avait répondu tranquillement comme si tout était normal. Il aurait pu me demander quelle était la marque de mon shampoing ça aurait été pareil. J’étais en paix et j’étais apaisée. C’était le premier signe m’indiquant que l’armistice était sans doute proche.
Bon voilà j’ai d’autres sujets du type en tête par exemple :
« Je ne porte pas de soutien-gorges et parfois pas de culotte »
« Mes cheveux sont gras et alors ? »
« Je me lave sans savon et je sens bon »
« J’ai porté des jupes toutes mes années de collège, on me surnommais ‘La petite maison dans la prairie’ mais je me sens bien »
Je ne sais pas si j’en parlerai ici un jour, mais c’était rigolo d’écrire cet article !