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La valise du monsieur
Je suis sur ma bicyclette aujourd’hui, toujours dans la direction de Paris et je vois un monsieur avec sa valise. J’ai tout de suite pensé que lui aussi avait loupé le train de nuit. Alors je m’arrête. C’est un grand monsieur. Je repense aux grands messieurs. Mais là je n’ai pas peur. Je n’ai pas peur car personne ne va m’obliger à faire un bisou à ce grand monsieur. Je vais juste pouvoir lui parler normalement comme se parlent les enfants.
Je descends de mon vélo, je vais vers lui et je lui dis « Est-ce que toi aussi tu as loupé le train de nuit ? » Il semble étonné. Il me répond que oui, il l’a loupé. Je lui demande pourquoi. Il me répond qu’il est parti trop tard de sa maison car il attendait. Je n’ose pas lui demander ce qu’il attendait. Peut-être que lui aussi attendait les colombes blanches.
Je lui raconte mon histoire. L’histoire des mines, de ma grand-mère, des colombes dans le ciel, de mon arrivée à la gare après le départ du train, de l’arbre, de la bicyclette.
Le grand monsieur semble amusé par mes histoires.
Je pensais qu’il allait me poser des questions que posent les adultes comme « Comment t’appelles-tu ? Quel âge as-tu ? Où sont tes parents ? » Mais il ne me demande rien de tout cela. Je crois que ce grand monsieur est en fait un enfant. Je suis contente d’avoir trouvé un compagnon de route. Le problème c’est que moi, je suis à vélo, et que lui, il est à pied.
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